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COMMENTAIRE.




ACTE I.


1. Il s’agit ici du triomphe qui suivit la bataille de Munda remportée en Espagne sur les fils de Pompée. Voici ce que dit du triomphe qui suivit cette bataille Plutarque, dont les paroles s’accordent assez bien, comme on le verra, avec celles du tribun de Shakespeare. « Ce fut la dernière guerre de César ; mais le triomphe qui la suivit affligea les Romains plus que toute autre chose. Car ce n’était pas pour avoir vaincu des généraux étrangers ni des rois barbares qu’il triomphait, mais pour avoir anéanti les enfants et la race du plus grand des Romains tombé dans l’infortune. C’était mal de se faire une pompe des désastres de la patrie et de se glorifier d’un succès qui n’avait qu’une seule excuse devant les dieux, et, devant les hommes, la nécessité ; d’autant que jusque-là César n’avait jamais envoyé de courrier ni de lettres publiques pour annoncer ses victoires dans les guerres civiles, et qu’il en avait répudié la gloire par un sentiment de pudeur. » (Traduction de M. Talbot.) — Disons une fois pour toutes qu’afin de donner à sa pièce une certaine unité, Shakespeare a souvent rapproché des événements qui en réalité furent séparés les uns des autres par un assez grand intervalle de temps. Ce-triomphe dont il est ici question a l’air de se confondre avec les Lupercales de la scène suivante ; en réalité il en fut séparé par plusieurs mois. La bataille de Munda est de 45 av. J. C. ; les célèbres Lupercales de la seconde scène, 13 février, 44 av. J. C., précédèrent d’un mois son assassinat, 15 mars 44. Toujours est-il que c’est bien aux Lupercales que les tribuns firent enlever les insignes royaux dont les statues de César avaient été revêtues.

2. Les Lupercales étaient une des fêtes les plus vraiment nationales de Rome, car elles symbolisaient, à n’en pas douter, l’origine de la célèbre cité et l’histoire fabuleuse de son fondateur. Mais cédons la parole à Plutarque qui est plein de renseignements curieux à cet égard. « Les