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Brutus. — Partez ! je vous suis. (Sortent Clitus, Dardanius et Volumnius) Je t’en prie, Straton, reste auprès de ton Seigneur : tu es un garçon qui jouis d’une bonnes estime ; ta vie a conquis quelque parcelle d’honneur : eh bien, tiens mon épée, et détourne ton visage, pendant que je me précipiterai sur elle. Veux-tu Straton ?

Straton. — Donnez-moi d’abord votre main. Adieu, Seigneur.

Brutus. — Adieu, mon bon Straton. César, sois apaisé à cette heure ! je ne te tuais pas de moitié d’aussi bon cœur. (Il se précipite sur son épée et meurt.)


Alarme, Retraite. Entrent OCTAVE, ANTOINE, MESSALA, LUCILIUS, et l’armée.

Octave. — Quel est cet homme ?

Messala. — Le serviteur de mon maître. — Straton, où est ton maître ?

Straton. — Libre de l’esclavage dans lequel vous êtes, Messala : tout ce que les conquérants peuvent faire de lui, c’est de le brûler : car c’est Brutus seul qui a triomphé de lui-même, et personne d’autre que lui n’a l’honneur de sa mort.

Lucilius. — C’est bien ainsi qu’on devait trouver Brutus. — Je te remercie, Brutus, tu as prouvé que Lucilius avait dit vrai.

Octave. — Je prendrai à mon service tous ceux qui ont servi Brutus. Camarade, veux-tu passer ta vie avec moi ?

Straton. — Oui, si Messala veut me présenter à vous.

Octave. — Faites cela, mon bon Messala.

Messala. — Comment est mort mon maître, Straton ?

Straton. — J’ai tenu l’épée, et il s’est précipité sur elle.

Messala. — En ce cas, Octave, prends pour t’accompagner celui qui a rendu le dernier service à mon maître.

Antoine. — C’était le plus noble Romain d’eux tous. Tous les conspirateurs, sauf lui, firent ce qu’ils ont fait, par envie contre le grand César ; lui seul fit partie de leur