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Décius. — Trébonius désire que vous parcouriez, à votre meilleur temps de loisir, cette humble requête de sa part.

Artémidore. — Ô César, lis la mienne la première, car la mienne est une requête qui touche César de plus près : lis-la, grand César.

César. — Puisque cela nous touche, nous serons servi le dernier.

Artémidore. — Ne retarde pas, César ; lis-la immédiatement.

César. — Eh bien ! Est-ce que le camarade est fou ?

Publius. — Maraud, fais place.

Cassius. — Comment ! vous présentez avec cette insistance vos pétitions dans la rue ? venez au Capitole.


CÉSAR entre au Capitole ; les autres le suivent. Tous les sénateurs se lèvent.

Popilius. — Je souhaite que votre entreprise d’aujourd’hui réussisse.

Cassius. — Quelle entreprise, Popilius ?

Popilius. — Portez-vous bien. (Il s’avance vers César.)

Brutus. — Que disait Popilius Lœna ?

Cassius. — Il souhaitait que notre entreprise d’aujourd’hui pût réussir : je crains que notre complot ne soit découvert.

Brutus. — Regardez comment il va se conduire avec César ; observez-le.

Cassius. — Casca, sois prompt, car nous craignons d’être prévenus. — Brutus, que faut-il faire ? Si la chose est connue, ou César ne s’en retournera jamais, ou ce sera Cassius, car je me tuerai moi-même.

Brutus. — Sois ferme, Cassius. Popilius Lœna ne parlait pas de nos projets ; car vois, il sourit, et César ne change pas de visage.

Cassius. — Trébonius sait choisir son moment ; car voyez, Brutus, il entraîne Marc Antoine à l’écart.

(Sortent Antoine et Trébonius. César et les sénateurs prennent leurs sièges.)