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si quelqu’un s’avisait de dire : « Ajournez le sénat à une autre fois, jusqu’à ce que l’épouse de César ait fait de meilleurs rêves. » Si César cache sa personne, ne chuchotera-t-on pas : « Eh bien, César qui a peur ! » Pardonnez-moi, César ; c’est le tendre, tendre désir que j’ai de votre élévation qui me pousse à vous parler ainsi : ma discrétion se trouve dépendante de mon affection.

César. — Vos craintes ne vous semblent-elles pas maintenant bien folles, Calphurnia ? je suis honteux de leur avoir cédé. Donnez-moi ma robe, car je sortirai : et voyez, voici Publius qui vient me chercher.


Entrent PUBLIUS, BRUTUS, LIGARIUS, MÉTELLUS, CASCA, TRÉBONIUS et CINNA.

Publius. — Bonjour, César.

César. — Vous êtes le bienvenu, Publius. — Quoi ! vous aussi, vous êtes levé de si bonne heure, Brutus ? — Bonjour, Casca. — Caïus Ligarius, César ne fut jamais autant votre ennemi que cette maladie qui vous a amaigri. — Quelle heure est-il ?

Brutus. — César, huit heures ont sonné.

César. — Je vous remercie pour vos peines et votre courtoisie.


Entre ANTOINE.

César. — Voyez ! Antoine qui se divertit tout le long des nuits, n’en est pas moins debout. Bonjour, Antoine.

Antoine. — Je rends son souhait au noble César.

César. — Ordonnez-leur de se préparer là-dedans : je suis fort à blâmer de me faire attendre ainsi. Bonjour, Cinna : — bonjour, Métellus. — Ah ! Trébonius ! je me réserve une heure de conversation avec vous : souvenez-vous de me la demander aujourd’hui : tenez-vous près de moi, pour que je puisse me rappeler de vous.

Trébonius. — Oui, César ; (à part) et je me tiendrai si près de vous, que vos meilleurs amis souhaiteront que j’en eusse été plus éloigné.