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ACTE IV, SCÈNE II. 357

place-moi plus bas ; je n’ai plus bien longtemps à t’importuner. Mon bon Griffith, prie les musiciens de me chanter cette mélodie triste, que je nommais mon glas, tandis que je méditerai sur cette harmonie du ciel que je vais aller bientôt entendre. (Musique triste et solennelle.)

GRIFFITH. — Elle est endormie : ma bonne fille, ne faisons pas de bruit de crainte de l’éveiller : doucement, ma gentille Patience.

LA VISION. Entrent solennellement, à la file l’un de l’autre, six personnages vêtus de robes blanches, portant sur leurs têtes des couronnes de laurier, sur leurs visages des masques d’or, et dans leurs mains des branches de laurier ou des palmes. D’abord ils saluent LA REINE, puis ils dansent : à certaines figures de la danse, les deux premiers élèvent une guirlande au-dessus de sa tête, pendant que les quatre autres font des révérences respectueuses ; puis les deux qui tenaient là guirlande la remettent aux deux suivants, qui répètent les mêmes figures en tenant la guirlande au-dessus de sa tête : cela fait, ils passent la guirlande aux deux-, derniers qui observent le même ordre ; alors, comme si c’était par inspiration, LA REINE donne dans son sommeil des signes de joie et lève ses mains au ciel : et ainsi toujours dansant, ils s’évanouissent, emportant la guirlande. La musique continue.

LA REINE CATHERINE.— Esprits de paix, où êtes-vous ? Êtes-vous tous partis, et m’abandonnez-vous à ma misère ?

GRIFFHTH. — Nous sommes là, Madame.

LA REINE CATHERINE. — Ce n’est pas vous que j’appelle : n’avez-vous vu personne entrer, depuis que je me suis endormie ?

GRIFFITH. — Personne, Madame.

LA REINE CATHERINE. — Non ? Vous n’avez pas vu à l’instant même une troupe d’êtres bienheureux dont les visages brillants jetaient mille rayons sur moi-, comme le soleil, m’inviter à un banquet ? Ils m’ont promis un bonheur éternel, et m’ont apporté des couronnes que je ne