344 LE ROI HENRI VIII.
cloche de l’ordination 9, lorsque la brune fillette repose caressante entre vos bras, Lord cardinal.
WOLSEY. — A quel point il me semble que je pourrais verser le mépris sur cet homme, si la charité ne me le défendait pas !
NORFOLK. — Ces articles, Milord, sont entre les mains du roi ; mais nous en savons assez pour dire qu’ils sont odieux.
WOLSEY. — D’autant plus belle et plus sans tache paraîtra mon innocence, lorsque le roi connaîtra ma sincérité.
SURREY. — Cela ne peut vous sauver : j’en remercie ma mémoire, je me rappelle encore quelques-uns de ces articles, et ils seront produits. Maintenant si vous pouvez rougir et vous déclarer coupable, cardinal, vous montrerez un peu d’honnêteté.
WOLSEY. — Parlez, Monsieur ; j’affronte vos pires accusations : si je rougis, c’est de voir un noble manquer de politesse.
SURREY. — J’aime mieux manquer de politesse, que si ma tête me manquait. Et maintenant, tenez-vous bien ! D’abord, à l’insu du roi, et sans son consentement, vous avez travaillé à vous faire nommer légat, et par ce pouvoir, vous avez mutilé la juridiction de tous les évêques.
NORFOLK. — Puis dans toutes les lettres que vous écriviez à Rome ou aux princes étrangers, vous placiez toujours cette formule : Ego et Rex meus, formule par laquelle vous représentiez le roi comme votre serviteur.
SUFFOLK. — Puis à l’insu et du roi, et du conseil, lorsque vous êtes allé en ambassade auprès de l’empereur, vous avez osé emporter le grand sceau dans les Flandres.
SURREY. — Item, sans la volonté du roi et la permission de l’État, vous avez envoyé à Grégoire de Cassalis, pleine commission pour conclure une ligue entre Son Altesse et Ferrare.
SUFFOLK. — Puis, par pure ambition, vous avez fait frapper sur la monnaie du roi l’image de votre chapeau de cardinal.