Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1867, tome 3.djvu/487

Cette page n’a pas encore été corrigée


SLENDER. — Tous ses successeurs qui sont venus avant lui ont fait ainsi, et tous ses ancêtres qui viendront après lui feront ainsi ; ils peuvent montrer sur leur habit la douzaine de poulets blancs.

SHALLOW. — C’est un vieil habit.

EVANS. — La douzaine de pous laids blancs convient à merveille à un vieil habit ; cela le décore à merveille : c’est une pète familière à l’homme et elle signifie amour.

SHALLOW. — Le poulet est de la chair fraîche ; un vieil habit est de la conserve.

SLENDER. — Je puis écarteler, cousin ?

SHALLOW. — Vous le pouvez en vous mariant.

EVANS. — Cela vous rendra marri, ma foi, s’il écartèle.

SHALLOW. — Pas du tout.

EVANS. — Si, par Notre-Dame ; s’il a un quart de votre habit, il ne vous en reste plus que les trois quarts pour vous-même, selon mes humbles conjectures : mais cela ne fait rien. Si Sir John Falstaff vous a fait quelque chose qui ne fût pas à faire, je suis d’église, et je serai heureux d’employer mes bons offices pour amener entre vous réconciliation et compromis.

SHALLOW. — Le conseil en entendra parler : c’est un fait de désordre.

EVANS. — Il n’est pas convenable que le conseil entende parler d’un fait de désordre ; il n’y a pas de crainte de Tieu dans un fait de désordre ; le conseil, voyez-vous, aimera mieux entendre parler de la crainte de Tieu que d’un fait de désordre ; prenez vos mesures là-dessus.

SHALLOW. — Ah ! sur ma vie, si je redevenais jeune, l’épée finirait cette querelle.

EVANS. — Il faut mieux que fos amis soient l’épée et terminent l’affaire, et j’ai aussi dans ma zervelle un autre projet, qui par aventure pourrait être d’une ponne sagesse : il y a Anne Page, la fille de M. Georges Page, qui est une gentille virginité.

SLENDER. — Mistress Anne Page ? elle a les cheveux bruns et elle parle d’une petite voix flûtée comme une femme.