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muet : lorsque ma langue babillera, qu’alors mes yeux cessent de voir !

Viola. — Je te remercie ; sers-moi de guide. (Ils sortent.)


Scène III

Un appartement dans la maison d’Olivia.
Entrent Messire TOBIR BELCH et MARIA.

Messire Tobie. — Que diable a donc ma nièce à prendre ainsi la mort de son frère ? Je suis sûr que le chagrin est l’ennemi de la vie.

Maria. — Par ma foi, Messire Tobie, vous devriez rentrer les soirs de meilleure heure ; Madame, votre nièce, fait de sévères remontrances à l’endroit de vos heures indues.

Messire Tobie. — Et parbleu, qu’elle se remontre elle-même, avant d’en remontrer aux autres.

Maria. — Oui, mais il faut vous mieux tenir dans les bornes strictes d’une conduite régulière.

Messire Tobie. — Me mieux tenir ! je ne me tiendrai pas plus élégamment que je ne le suis : ces habits sont assez bons pour aller boire, et ces bottes aussi, et si elles ne le sont pas, eh bien ! qu’elles se pendent avec leurs propres tirants !

Maria. — Ces habitudes de boire et de trinquer vous tueront ; j’entendais Madame parler de vous hier, ainsi que d’un imbécile de chevalier que vous aviez amené un certain soir ici, pour être son prétendant.

Messire Tobie. — Qui ça ? Messire André Aguecheek ?

Maria. — Oui, lui-même.

Messire Tobie. — C’est un des hommes les plus parfaits qu’il y ait en Illyrie.

Maria. — Qu’est-ce que cela fait pour la chose en question ?