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COMME IL VOUS PLAIRA,

ACTE I.

SCÈNE PREMIÈRE.

Un verger attenant à la’ maison d*01mer.

Entrent ORLANDO^f ADAM.

ORXANDO. — Il m’en souvient parfaitement, Adam ; ce fut de cette manière que par son testament il ne me légua rien qu’un pauvre millier d’écus, et, comme tu le disais, il chargea mon frère, sous peine de lui retirer sa bénédiction, de me bien élever : et voilà où commencent mes chagrins. Il entretient mon frère Jacques à l’école, et la renommée parle magnifiquement de ses progrès : pour moi, il m’entretient à la maison comme un paysan, ou, pour parler plus.exactement, il me tient au logis sans m’entretenir, car cela peut-il s’appeler un entretien, pour un gentilhomme de ma naissance, un entretien qui ne diffère pas de celui d’un bœuf à l’étable ? Ses chevaux sont mieux élevés, car outre qu’ils sont bien nourris, on leur enseigne leur manège, . et à cette fin on loue très-cher - des écuyers ; mais moi, son frère, tout ce que je gagne sous sa tutelle, c’est que ma taille s’allonge, bienfait dont les animaux qui vivent sur ses fumiers lui sont aussi obligés que moi. En outre de ce rien qu’il m’accorde avec tant de libéralité, sa conduite semble. chercher à m’enlever ce quelque chose que la nature m’a