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ACTE II, SCÈNE I. 39

Si c’était une engelure an talon, cela pourrait me retenir dans mes pantoufles, mais je ne sens pas cette divinité-là au dedans de moi. Il y aurait entre moi et Milan vingt consciences, qu’elles auraient le temps de se cristalliser en sucre candi et de se fondre ensuite avant de me gêner. Là repose votre frère, qui ne vaudrait pas mieux que la terre sur laquelle il est étendu, s’il était ce qu’il paraît être en ce moment, je veux dire mort ; avec trois pouces de ce fer obéissant, je puis le mettre au lit pour l’éternité, pendant que vous-même, à mon exemple, vous pourriez faire tourner de l’œil pour jamais à ce vieux croûton, à ce sire Prudence qui désormais ne serait plus là pour censurer notre conduite. Quant aux autres, ils accepteront nos inspirations comme un chat boit du lait; et horloges obéissantes, ils sonneront l’heure pour n’importe quelle entreprise que nous dirons indispensable à tel ou tel moment.

SÉBASTIEN. — Ta conduite passée, cher ami, me servira d’exemple; par les mêmes moyens que tu as acquis Milan, j’entrerai en possession de Naples, Tire ton épée, un seul coup t’affranchira du tribut que tu payes, et moi le roi, je t’aimerai.

ANTONIO. — Dégainons ensemble, et lorsque je lèverai ma main, que la vôtre fasse de même pour s’abattre sur Gonzalo.

SÉBASTIEN. — Oh ! un mot seulement. — (Ils parlent à l’écart.)

Musique. ■— Rentre Ariel invisible.) ARIEL. — Mon maître, par son art, a découvert le péril qui vous menace, vous son ami, et il m’envoie ici pour vous sauver la vie, car autrement son projet meurt 14. (Il citante dans l’oreille de Gonzalo.) —Pendant qu’ici étendus vous ronflez, La conspiration aux yeux ouverts Guette son moment ;

Si de la vie vous avez souci,

Secouez ce sommeil et alerte :

Debout ! debout !