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ACTE IV, SCÈNE I. 161

jeunesse sans frein a jetés hors de la compagnie des gens comme il faut 2. Moi, qui vous parle, je fusbanni de Vérone pour avoir tenté d’enlever une dame, une héritière proche parente du duc.

SECOND BANDIT. — Et moi, de Mantoue, pour le meurtre d’un gentilhomme, que dans un accès de colère je frappai au cœur.

PREMIER BANDIT. — Et moi, pour quelques peccadilles de même genre que celles-là. — Mais venons au fait, car, si nous citons nos fautes, c’est pour vous donner les raisons qui expliquent notre manière de vivre irrégulière. Considérant que vous êtes un bel homme, bien tourné, linguiste, s’il faut en croire vos paroles, et doué de toutes les perfections qui font de vous un homme tel que notre profession en réclame....

SECOND BANDIT. — Et par-dessus tout, à dire vrai, par la raison que vous êtes jH’oscrit, nous voulons bien traiter avec vous. Vous plairait-il d’être notre chef, et, faisant de nécessité vertu, de vivre avec nous dans cette solitude ?

TROISIÈME BANDIT. — Qu’en dis-tu ? Veux-tu faire partie de notre bande ? Dis oui, et tu seras notre capitaine à tous ; nous te rendrons hommage, tu nous commanderas, et nous t’aimerons comme notre chef et notre roi.

PREMIER BANDIT.—Mais si tu fais fi de notre courtoisie, tu es un homme mort.

SECOND BANDIT. — Tu ne vivras point pour aller te vanter de ce que nous t’avons offert.

VALENTIN. — J’accepte vos propositions et je consens à vivre avec vous, pourvu que vous ne commettiez pas d’outrages envers les femmes sans défense et les pauvres voyageurs.

TROISIÈME BANDIT. — Non, nous méprisons de semblables pratiques, comme lâches et viles. Allons, viens avec nous ; nous allons te mener dans notre caverne 3, et te montrer tous les trésors que nous y avons amassés et que nous mettons comme nous-mêmes à ta disposition.

(Ils sortent.)

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