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LANCE. — Dans ton histoire.

PANTHINO. — Dans ta mâchoire 1

LANCE. — Moi perdre la marée, et le voyage, et le maître, et le service, et l'amarré, allons donc! Sais-tu bien, mon bonhomme, que si la rivière était à sec, je serais capable de la renouveler avec mes larmes, et que si les vents s'abattaient, je pourrais pousser le bateau avec mes soupirs.

PANTHINO. — Allons, allons, en route, mon brave ; on m'a envoyé t'appeler.

LANCE. — Monsieur, appelez-moi comme vous voudrez.

PANTHINO. — Veux-tu venir?

LANCE. — Bien, je pars. (Ils sortent.)

SCENE IV
Milan. — Un appartement dans le palais du duc.
Entrent SILVIA, VALENTIN, THURIO et SPEED.

SILVIA. — Serviteur !

VALENTIN. — Maltresse?

SPEED. — Maître, le seigneur Thurio fronce le sourcil en vous regardant.

VALENTIN. — Oui, mon garçon, c'est par amour.

SPEED. — Pas pour vous, toujours.

VALENTIN. — Pour ma maltresse, alors.

SPEED. — Vous feriez bien de le battre.

SILVIA. — Serviteur, vous êtes triste.

VALENTIN. — En effet, Madame, je le parais.

THURIO. — Paraissez-vous ce que vous n'êtes pas?

VALENTIN. — Peut-être.

THURIO. — C'est ce que font les contrefacteurs.

VALENTIN. — C'est ce que vous faites.

THURIO. — Qu'est-ce que je parais que je ne sois pas ?

VALENTIN. — Sage.

THURIO. — Quelle preuve avez-vous que je sois le contraire?