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LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

Rentrent le Prêtre et le valet.

Oh ! tu es le bienvenu, mon père !… — Mon père, je te somme, au nom de ton ministère sacré, — de révéler ici ce que tu sais ; nous avions l’intention — de garder ce secret, mais la force des choses — le décèle avant qu’il soit mûr ; dis-donc — ce qui s’est passé tout à l’heure entre ce jeune homme et moi.

le prêtre.

— Un contrat inviolable d’éternel amour, — confirmé par la mutuelle étreinte de vos mains, — attesté par le saint contact de vos lèvres, — fortifié par l’échange de vos anneaux ; — et toutes les cérémonies de cet engagement — ont été scellées de mon témoignage dans l’exercice de mon ministère. — Ma montre me dit que depuis lors je n’ai fait vers ma tombe — que deux heures de chemin.

le duc, à Viola.

— Ah ! petit hypocrite ! que seras-tu donc, — quand le temps aura fait grisonner tes cheveux ? — Prends-y garde, une perfidie à ce point précoce — pourrait bien te précipiter dans tes propres embûches ! — Adieu ; prends-la ; mais dirige tes pas — là où, toi et moi, nous ne puissions plus nous rencontrer.

viola.

— Monseigneur, je proteste…

olivia.

Oh ! ne jure pas ; — garde un peu d’honneur, si excessive que soit ta crainte.

Entre sir André Aguecheek, la tête écorchée.
sir andré.

Pour l’amour de Dieu, un chirurgien ! envoyez-en un immédiatement à sir Tobie.

olivia.

Qu’y a-t-il ?