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SCÈNE XIX.

— je subirais mille morts pour vous rendre le repos.

olivia.

— Où va Césario ?

viola.

Avec celui que j’aime, — plus que mes yeux, plus que ma vie, — plus, bien plus que je n’aimerai jamais aucune femme. — Si je mens, vous, témoins d’en haut, — punissez ma vie de cet outrage à mon amour !

olivia.

— Malédiction sur moi ! Comme je suis trahie !

viola.

— Qui vous trahit ? qui vous offense ?

olivia.

— T’es-tu donc oublié toi-même ? Y a-t-il si longtemps ?… — Qu’on fasse venir le saint pasteur.

Un valet sort.
le duc, à Viola.

Viens !

olivia.

— Où cela, monseigneur ?… Césario, mon mari, arrête !

le duc.

— Votre mari !

olivia.

Oui, mon mari. Peut-il nier cela ?

le duc, à Viola.

— Son mari, drôle ?

viola.

Non, monseigneur. Moi ! non.

olivia.

— Hélas ! c’est la bassesse de ta peur — qui te fait étouffer ta dignité. — Ne crains rien, Césario, porte haut ta fortune ; — sois ce que tu sais être, et alors tu seras — aussi grand que celui que tu crains.