Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
LE SOIR DES ROIS ou CE QUE VOUS VOUDREZ.

premier officier.

— Non, monsieur, nullement ; je reconnais bien votre visage, — bien qu’en ce moment vous n’ayez pas de bonnet de marin sur la tête. — Emmenez-le ; il sait que je le connais bien.

antonio.

— Je dois obéir.

À Viola.

Ceci m’arrive en vous cherchant, — mais il n’y a pas de remède ; j’aurai des comptes à rendre. — Qu’allez-vous faire ? Maintenant la nécessité — me force à vous redemander ma bourse. Je suis bien plus — affligé de mon impuissance à vous être utile désormais — que de ce qui m’advient à moi-même. Vous restez interdit, — mais ayez courage.

deuxième officier.

Allons, monsieur, en marche !

antonio.

— Je dois réclamer de vous une partie de cet argent.

viola.

Quel argent, monsieur ? — En considération de la gracieuse sympathie que vous venez de me témoigner, — et aussi par égard pour vos ennuis présents, — je veux bien, sur mes maigres et humbles ressources, — vous prêter quelque chose ; mon avoir n’est pas considérable ; — je veux bien le partager avec vous : — tenez, voici la moitié de ma réserve.

antonio.

Allez-vous me renier à présent ? — Est-il possible que mon dévouement pour vous — soit ainsi méconnu ? Ne tentez pas ma misère, — de peur qu’elle ne me fasse perdre la tête, — et que je ne vous reproche les services — que je vous ai rendus.

viola.

Quels services ? je ne sais ; — je ne connais même ni