Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
LA COMÉDIE DES ERREURS.

adriana.

— Va le chercher, sœur.

Sort Luciana.

— Je m’étonne — qu’il se soit ainsi endetté à mon insu… — Dis-moi, est-ce pour un billet qu’il a été arrêté ?

dromion de syracuse.

— Ce n’est pas pour un billet, mais pour quelque chose de plus massif, — une chaîne, une chaîne. Entendez-vous le son.

adriana.

De la chaîne ?

dromion de syracuse.

— Non, non, de la cloche. Il est temps que je parte. — Il était deux heures quand j’ai quitté mon maître, et voilà l’horloge qui frappe une heure.

adriana.

— Les heures reculent donc ! je n’ai jamais ouï chose pareille.

dromion de syracuse.

— Oh ! oui, quand une heure rencontre un recors, la peur lui fait rebrousser chemin.

adriana.

— Comme si le temps avait des dettes ! Comme tu raisonnes bêtement !

dromion de syracuse.

— Le temps est un véritable banqueroutier ; il doit plus qu’il ne vaut à l’occasion. — Et c’est aussi un voleur ; n’avez-vous jamais ouï dire — que le temps marche nuit et jour à la dérobée ? — S’il est endetté et voleur, et qu’il rencontre un recors, — n’a-t-il pas de raison pour rebrousser chemin, une heure dans un jour ?

Entre Luciana.
adriana

— Va, Dromion, voici l’argent, porte-le vite, — et ra-