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SCÈNE VIII.

Entre Dromion de Syracuse.
dromion de syracuse.

— Vite, allons ; le bureau, la bourse ! chère dame, dépêchez.

luciana.

— Comment t’es-tu mis ainsi hors d’haleine ?

dromion de syracuse.

À force de courir.

adriana.

— Où est ton maître, Dromion ? Est-il bien ?

dromion de syracuse.

— Non, il est dans les limbes du Tartare, pis qu’en enfer. — Un diable en costume inusable l’a saisi : — un diable dont le cœur dur est boutonné d’acier ; — un démon, un vampire, impitoyable et rude ; — un loup, pis que cela, un être tout en buffle (22) ; — un ami traître qui vous frappe l’épaule ; un gaillard qui intercepte — la circulation des allées, des recoins, des ruelles ; — un limier qui peut suivre une fausse piste, mais qui trouve toujours la vraie ; — un être qui, avant le jugement, conduit les pauvres âmes dans les ténèbres !

adriana.

— Çà, mon cher, de quoi s’agit-il ?

dromion de syracuse.

— Je ne sais pas de quoi il s’agit ; en tout cas, il est arrêté.

adriana.

— Arrêté ! Dis-moi à quel effet.

dromion de syracuse.

— Je ne sais pas à quel effet il est arrêté ; — ce qui est certain, c’est que celui qui l’a arrêté a des effets tout en buffle. — Voulez-vous, madame, lui envoyer, pour sa rançon, l’argent qui est dans son bureau ?