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LES JOYEUSES ÉPOUSES DE WINDSOR.

château, jusqu’à ce que nous voyions la lumière de nos fées. Rappelle-toi bien ma fille, fils Slender.

slender.

Oui, dame ; je lui ai parlé, et nous avons un mot d’ordre pour nous reconnaître l’un l’autre. J’irai à celle en blanc, et je lui crierai : Motus ! Elle criera : Budget ! Et par ça nous nous reconnaîtrons.

shallow.

C’est bien ; mais qu’avez-vous besoin de votre motus et de son budget ? Le blanc vous la désignera suffisamment… Il est dix heures sonnées.

page.

La nuit est sombre ; la lumière et les apparitions n’en auront que plus d’effet. Que le ciel protège notre divertissement ! Personne ne songe à mal, si ce n’est le diable, et nous le reconnaîtrons à ses cornes. Partons ! suivez-moi.

Ils sortent.
Entrent mistress Page, mistress Gué et le docteur Caïus.
mistress page.

Maître docteur, ma fille est en vert ; quand vous verrez le moment propice, prenez-la par la main, emmenez-la au doyenné, et finissez-en vite. Allez dans le parc en avant. Il faut que nous allions toutes deux seules ensemble.

caïus.

Ze sais ce que ze dois faire ; adieu.

mistress page.

Adieu, docteur.

Sort Caïus.

Mon mari éprouvera moins de plaisir à voir berner Falstaff que de colère à savoir sa fille mariée au docteur ; mais n’importe : mieux vaut une petite gronderie qu’un grand crève-cœur.