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SCÈNE II.

hume.

— Ils ont promis de faire voir à Votre Altesse — un esprit évoqué des profondeurs souterraines, — qui répondra à toutes les questions — que lui adressera Votre Grâce.

la duchesse.

— Il suffit ; je songerai aux questions. — Quand nous serons revenus de Saint-Albans, — nous aviserons au plein accomplissement de ces choses. — Tiens, Hume, accepte cette récompense ; va t’amuser, l’ami, — avec tes associés en cette importante affaire.

La duchesse sort.
hume.

— Il faut que Hume s’amuse avec l’or de la duchesse ? — Il le fera, morbleu. Mais tout beau, sir John Hume ! — Scellez vos lèvres, et ne dites qu’un mot : chut ! — L’affaire demande le silence et le secret. — Dame Éléonore me donne de l’or pour lui amener la sorcière ; — fût-elle le diable, son or ne saurait être malvenu. — En outre, j’ai de l’or qui me tombe d’un autre parage. — Je n’ose dire qu’il me vient du riche cardinal — et du grand Suffolk, le duc de fraîche création. — Pourtant j’en suis sûr ; car, à parler net, — connaissant l’humeur ambitieuse de dame Éléonore, — ils me paient pour miner la duchesse — et lui insinuer dans la cervelle ces conjurations. — On dit qu’un rusé coquin n’a pas besoin d’agent ; — pourtant je suis l’agent de Suffolk et du cardinal. — Hume, si vous n’y prenez garde, vous vous laisserez aller — à les donner tous deux pour une paire de rusés coquins. — Au fait, tel est le cas. Et je crains fort qu’à la fin, — la coquinerie de Hume ne soit la ruine de la duchesse, — et que la disgrâce de la duchesse ne soit la chute de Homphroy. — Advienne que pourra, j’aurai toujours de l’or.

Il sort.