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HENRY VI.

perce. Arrogant prélat, sur ton visage — je lis ta furie. Si je reste plus longtemps, — nous allons recommencer nos anciennes querelles (1). — Milords, adieu ; dites, quand je ne serai plus là, — que j’ai prédit qu’avant peu la France serait perdue.

Il sort.
le cardinal.

— Ainsi voilà notre protecteur qui part furieux. — Vous savez qu’il est mon ennemi, — que dis-je ? votre ennemi à tous, — et peu l’ami du roi, je le crains. — Considérez, milords, qu’il est le premier prince du sang, — et l’héritier présomptif de la couronne d’Angleterre. — Lors même que Henry aurait par son mariage acquis un empire — et tous les opulents royaumes de l’Occident, — il eût trouvé motif d’en être mécontent. — Prenez-y garde, milords ; ne laissez pas charmer vos cœurs — par ses paroles caressantes ; soyez prudents et circonspects. — Qu’importe qu’il ait pour lui les gens du peuple — qui l’appellent Homphroy, le bon duc de Glocester, — et qui battent des mains en lui criant à voix haute : Jésus garde Votre royale Excellence ! — ou : Dieu préserve le bon duc Homphroy ! — Je crains bien, milords, que, malgré tout cet éclat flatteur, — on ne trouve en lui un protecteur dangereux.

buckingham.

— Pourquoi donc protégerait-il notre souverain, — qui est d’âge à gouverner par lui-même ? — Cousin de Somerset, joignez-vous à moi, — et tous ensemble, avec l’aide du duc de Suffolk, — nous aurons bientôt culbuté de son siége le duc Homphroy.

le cardinal.

— Cette importante affaire ne saurait souffrir de délai ; — je me rends immédiatement auprès du duc de Suffolk.

Il sort.