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SCÈNE I.

salisbury.

— Ah ! par la mort de celui qui mourut pour tous, — ces comtés étaient les clefs de la Normandie. — Mais pourquoi pleure Warwick, mon vaillant fils ?

warwick.

— Si je pleure, c’est qu’elles sont à jamais perdues. — Car, s’il y avait quelque espoir de les reconquérir, — mon épée verserait un sang brûlant, mes yeux ne verseraient pas de larmes ! — L’Anjou et le Maine ! c’est moi qui les avais pris ; — c’est mon bras qui avait conquis ces deux provinces ; — et les cités que j’avais eues avec des blessures, — les voilà restituées avec de pacifiques paroles ! — Mortdieu !

york.

Puisse-t-il être suffoqué, ce duc de Suffolk — qui ternit l’honneur de cette île martiale ! — La France m’aurait arraché et déchiré le cœur, — avant de me faire consentir à ce traité. — J’ai lu que les rois d’Angleterre ont toujours eu — de larges sommes d’or et de fortes dots avec leurs femmes : — mais notre roi Henry renonce à son propre bien — pour épouser une fille qui ne lui apporte rien.

glocester.

— Une bonne plaisanterie, une chose inouïe, — c’est que Suffolk réclame tout un quinzième — pour le coût et les frais du transport de la dame ! — Elle aurait dû rester en France et y mourir de faim — plutôt…

le cardinal.

Milord de Glocester, vous vous échauffez trop ; — tel a été le bon plaisir de monseigneur le roi.

glocester.

— Milord de Winchester, je sais votre pensée ; — ce ne sont pas mes paroles qui vous déplaisent, — c’est ma présence qui vous importune. — Il faut que la rancune