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NOTES.

hommes des Marches, entra par l’autre porte, se rua brusquement sur les avant-postes du roi, et les déconfit rapidement. Alors arrivèrent le duc de Somerset et tous les autres lords avec les troupes royales. Il s’ensuivit une bataille acharnée, dans laquelle bien des braves gens perdirent la vie. Mais, le duc d’York ayant envoyé un renfort de troupes fraîches et remplacé ses blessés par de nouveaux hommes, l’armée du roi fut mise en déroute, et presque tous les chefs de guerre furent tués et massacrés. Car là périt, sous l’enseigne du château, Edmond, duc de Somerset, qui longtemps auparavant avait été averti d’éviter tous les châteaux ; et à côté de lui tombèrent Henry, second comte de Northumberland, Homphroy, comte de Stafford, John lord Clifford, et, en outre, plus de huit mille hommes. Telle fut la fin de la première bataille de Saint-Albans, qui fut livrée le jeudi avant la fête de la Pentecôte, le vingt-deuxième jour de mai. » — Hall.

(32) « Durant ces troubles, un parlement fut convoqué à Westminster pour le mois d’octobre suivant. Avant cette époque, Richard, duc d’York, étant en Irlande, avait été averti par de rapides courriers de la grande victoire gagnée par son parti dans la plaine de Northampton, et savait que le roi était dans un tel état qu’on pouvait maintenant le garder et le gouverner à plaisir. Sur quoi, sans perdre de temps, sans tarder une heure, il fit voile de Dublin à Chester avec une faible escorte, et arriva à marches forcées à la Cité de Londres, où il entra le vendredi avant la fête de saint Édouard le Confesseur, avec une épée nue portée devant lui ; sur quoi le peuple murmura qu’il devait être roi et que le roi Henry ne devait plus régner. Durant le temps de ce parlement, le duc d’York, avec une contenance hardie, entra dans la chambre des pairs et s’assit sur le trône royal, sous le dais d’État (qui est la place réservée au roi), et, en présence de la noblesse et du clergé, prononça un discours à cet effet… Quand le duc eut fini sa harangue, les lords restèrent impassibles comme des figures sculptées dans la muraille, ou comme des dieux muets, ne soufflant mot, pas plus que si leurs bouches eussent été cousues. Le duc, voyant qu’aucune réponse n’était faite à sa déclaration, et peu satisfait de leur rigoureux silence, leur conseilla de bien peser ses paroles, et sur ce, retourna à son logement dans le palais du roi…

» Après une longue délibération, et une discussion approfondie entre les pairs, les prélats et les communes du royaume, les trois