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HENRY VIII.

— Avec ce baiser, reçois ma bénédiction. Que Dieu te protège ! — je remets ta vie dans ses mains.

cranmer.

Amen !

le roi henry, aux deux marraines.

— Mes nobles commères, vous avez été par trop prodigues. — Je vous rends grâces de tout cœur ; ainsi fera cette jeune lady, — quand elle saura assez d’anglais.

cranmer.

Laissez-moi parler, sire, — car le ciel me l’ordonne en ce moment ; et que personne ne tienne pour flatterie les paroles que je prononce, car on reconnaîtra un jour la vérité. — Cette royale enfant (que le ciel veille toujours sur elle), bien qu’encore au berceau, promet déjà — à ce pays mille et mille bénédictions, — que le temps amènera à maturité. Elle sera — (mais bien peu d’entre nous verront cette excellence), — elle sera le modèle de tous les princes de son temps, — et de tous ceux qui leur succéderont. La reine de Saba ne fut jamais — plus avide de sagesse et de belle vertu — que ne le sera cette âme pure. Toutes les grâces princières — dont sont formés les êtres aussi puissants, — comme toutes les vertus qui décorent les bons, — seront doublées dans sa personne. La vérité la bercera, — les saintes et célestes pensées la conseilleront toujours. — Elle sera aimée et redoutée. Les siens la béniront. — Ses ennemis trembleront comme des épis battus, — et inclineront tristement la tête. Le bien croîtra avec elle. — De son temps, chacun mangera en sûreté, — sous sa propre vigne, ce qu’il aura planté, et chantera — les joyeuses chansons de paix à tous ses voisins. — Dieu sera vraiment connu ; et ceux qui l’entoureront — seront guidés par elle dans le droit chemin de l’honneur ; — et c’est à cela, et non à la naissance, qu’ils devront leur grandeur. — Et cette paix-là ne s’endormira