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SCÈNE X.

Quel démon ennemi — m’a fait glisser ce grave secret dans le paquet — que j’envoyais au roi ? Et nul moyen de remédier à cela ! — Nul expédient nouveau pour chasser cela de sa cervelle ! — Cela doit l’émouvoir fortement, je le sais. Mais je sais — un moyen qui, s’il réussit, peut, en dépit de la fortune, — me tirer d’affaire. Qu’est ceci ?… au pape ! — Sur ma vie, la lettre où j’écrivais — toute l’affaire à Sa Sainteté ! Alors, adieu ! — J’ai atteint le plus haut point de ma grandeur : — et, du plein midi de ma gloire, — je me précipite vers mon déclin : je tomberai, — comme un brillant météore apparu le soir, — et nul ne me verra plus.

Rentrent les ducs de Norfolk et de Suffolk, le comte de Surrey et le lord chambellan.
norfolk.

— Écoutez le bon plaisir du roi, cardinal : il vous commande — de remettre immédiatement le grand sceau — dans nos mains et de vous retirer — à Asher-House, résidence de milord Winchester, — jusqu’à ce que vous appreniez la décision ultérieure de Son Altesse.

wolsey.

Arrêtez. — Où sont vos pouvoirs, milords ? Des paroles ne peuvent avoir — une si formidable autorité.

suffolk.

Qui oserait leur résister, — lorsqu’elles portent la volonté du roi expressément émanée de sa bouche ?

wolsey.

— Jusqu’à ce que j’aie été mis en demeure autrement que par des paroles — que vous inspire la haine, sachez-le, lords officieux, — j’ose et je dois résister. Je vois maintenant — de quel grossier métal vous êtes faits : l’envie ! — Avec quelle avidité vous poursuivez ma disgrâce, — comme pour vous en repaître ! Quelle souple complaisance — vous montrez pour tout ce qui peut amener ma ruine ! — Suivez