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SCÈNE VIII.

le roi henry.

Voici.

le scribe, à l’audiencier.

— Dites à Catherine, reine d’Angleterre, de comparaître devant la cour.

l’audiencier, appelant.

Catherine, reine d’Angleterre, comparaissez devant la cour.

La reine ne répond pas, se lève de son siége, traverse la salle, va au roi, se jette à ses pieds, puis parle.
la reine catherine.

— Sire, je vous demande de me faire droit et justice, — et de m’accorder votre pitié ; car — je suis une bien pauvre femme, une étrangère, — née hors de vos domaines, n’ayant pas ici — de juge impartial et ne pouvant pas compter — sur la sympathique équité d’un tribunal. Hélas ! sire, — en quoi vous ai-je offensé ? Quelle cause — de déplaisir vous a donnée ma conduite, — pour que vous vous décidiez ainsi à me renvoyer, — et à me retirer vos bonnes grâces ? Le ciel m’est témoin — que j’ai toujours été pour vous une humble et loyale femme, — soumise en tout temps à votre volonté, — craignant toujours de provoquer votre mécontentement, — assujettie à votre physionomie même, triste ou gaie, — suivant les changements que j’y voyais. Quand m’est-il arrivé — de contredire votre désir, — et de ne pas en faire le mien ? Quel est celui de vos amis — que je ne me sois pas efforcée d’aimer, — alors même que je le savais mon ennemi ? Lequel de mes amis — a pu s’attirer votre colère, sans — perdre ma faveur, sans recevoir l’avis formel — qu’elle lui était désormais enlevée ? Sire, rappelez-vous — que, dans cette obédience, j’ai été votre femme — plus de vingt ans, et que j’ai eu le bonheur — d’avoir de vous plusieurs enfants. Si, dans tout le cours — de ce temps, vous pouvez