Le bon jour à Vos Grâces !
— De quoi le roi est-il occupé ?
Je l’ai laissé seul, — plein de trouble et de tristes pensées.
Quelle en est la cause ?
— Il paraît que son mariage avec la femme de son frère — a serré de trop près sa conscience.
Non, c’est sa conscience — qui serre de trop près une autre dame.
En effet. — C’est l’œuvre du cardinal, du roi-cardinal ; — ce prêtre aveugle, comme le fils aîné de la fortune, — tourne tout à sa guise. Le roi le connaîtra un jour.
— Plût à Dieu ! autrement il ne se connaîtra jamais lui-même.
— Avec quelle sainte onction il agit en toute affaire ! — Et avec quel zèle ! En effet, maintenant qu’il a rompu la ligue — entre nous et l’empereur, ce grand neveu de la reine, — il s’insinue dans l’âme du roi, il y sème — les inquiétudes, les doutes, les remords de conscience, — les alarmes, les désespoirs, et tout cela à propos de son mariage ; — et, pour soustraire le roi à tant d’ennuis, — il conseille le divorce ; la perte de celle — qui, comme un joyau, est restée vingt ans suspendue — à son cou, sans jamais perdre de son lustre, — de celle qui l’aime de cet amour ineffable — dont les anges aiment les hommes