Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 13.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
SCÈNE XII.

qui étouffe ma voix, tandis que mon cœur est noyé dans les ennuis.

le roi louis.

— Quoi qu’il en soit, reste toujours toi-même, — et assieds-toi à notre côté.

Il la fait asseoir près de lui.

Ne courbe pas la tête — sous le joug de la fortune, mais que ton âme intrépide — plane triomphante au-dessus de tous les malheurs. — Explique-toi, reine Marguerite, et dis-nous tes chagrins : — ils seront soulagés, si la France peut y porter remède.

la reine marguerite.

— Ce gracieux langage ranime mes esprits abattus, — et rend la parole à mes muettes douleurs. — Sache donc, noble Louis, — que Henry, l’unique possesseur de mon amour, — de roi qu’il était, n’est plus qu’un proscrit, forcé de vivre en Écosse dans l’abandon, — tandis que l’insolent et ambitieux Édouard, duc d’York, — usurpe le titre royal et le trône — de l’oint du Seigneur, du roi légitime d’Angleterre. — Voilà pourquoi moi, la pauvre Marguerite, — avec mon fils ici présent, le prince Édouard, héritier de Henry, — je suis venue implorer ton juste et légitime appui ; — et, si tu nous fais défaut, tout espoir est perdu pour nous. — L’Écosse a la volonté de nous secourir, mais non le pouvoir. — Notre peuple et nos pairs sont égarés, — nos trésors saisis, nos soldats mis en fuite, — et tu nous vois nous-mêmes dans une déplorable condition.

le roi louis.

— Illustre reine, conjurez l’orage par la patience, — tandis que nous réfléchirons aux moyens de le dissiper.

la reine marguerite.

— Plus nous différons, plus notre ennemi devient fort.