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SCÈNE IX.

en paix. — Car n’est-ce pas la douceur de l’air qui fait prospérer les mauvaises herbes ? — Et n’est-ce pas l’excès de l’indulgence qui enhardit les voleurs ? — Inutiles sont mes plaintes, et incurables mes blessures ? — Plus d’issue pour fuir, ni de force pour soutenir ma fuite. — L’ennemi est inexorable, et il n’aura pas de pitié, — car je n’en ai pas mérité de lui. — L’air a pénétré dans mes blessures mortelles, — et tout le sang que je perds me fait défaillir. — Venez, York, Richard, Warwick, et les autres ! — J’ai poignardé vos pères, percez-moi le cœur !

Il s’évanouit.


Fanfare d’alarme et retraite. Entrent Édouard, George, Richard, Montague, Warwick et des soldats.
édouard.

— Maintenant respirons, milords ; notre bonne fortune nous permet un peu de repos — et déride le front de la guerre avec le sourire de la paix. — Des troupes sont à la poursuite de cette reine sanguinaire — qui conduisait le tranquille Henry, tout roi qu’il était, — comme une voile, gonflée par une violente rafale, — force un galion à fendre les vagues. — Mais croyez-vous, milords, que Clifford ait fui avec eux ?

warwick.

— Non, il est impossible qu’il ait échappé : — car, je ne crains pas de le déclarer en sa présence, — votre frère Richard l’a marqué pour la tombe ; — et, où qu’il soit, il est sûrement mort.

Clifford pousse un gémissement et meurt.
édouard.

— Quel est celui dont l’âme prend son triste congé ?

richard.

— C’est un gémissement funèbre comme la transition de la vie à la mort.