Édouard et Richard, comme deux lévriers — voyant fuir le lièvre effaré, — les yeux enflammés et étincelants de courroux, — étreignant de leurs mains furieuses l’acier sanglant, — sont à nos talons ; ainsi partons vite.
— Fuyons ! car la vengeance les accompagne. — Non, ne perdez pas le temps en remontrances, dépêchez-vous ; — ou bien suivez-moi, je vais en avant.
— Non, emmène-moi avec toi, mon doux Exeter ; — ce n’est pas que je craigne de rester ici, mais j’aime à aller — où il plaît à la reine. En avant, partons.
— Mon flambeau est consumé ; oui, il s’éteint ici, — le flambeau qui, tant qu’il a duré, a éclairé le roi Henry. — Ô Lancastre ! je redoute ta chute — bien plus que la séparation de mon âme et de mon corps. — L’affection et la crainte que j’inspirais t’attachaient bien des amis, — et, maintenant que je succombe, ton parti ramolli va se dissoudre. — Désertant Henry pour renforcer son insolent rival, — le peuple s’élance vers York comme un essaim de moucherons. — Et où volent les moustiques, si ce n’est vers le soleil ? — Et qui rayonne aujourd’hui, si ce n’est l’ennemi de Henry ? — Ô Phébus, si tu n’avais pas permis — que Phaëton guidât tes ardents coursiers, — ton char flamboyant n’eût jamais embrasé la terre ? — Et toi, Henry, si tu avais régné en roi, — comme ont régné ton père et le père de ton père, — sans céder de terrain à la maison d’York, — ni moi, ni dix mille autres en ce malheureux royaume, — nous ne laisserions de veuves pleurant sur notre mort, — et encore aujourd’hui tu occuperais le trône