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SCÈNE IX.

le père.

— Quelle incessante mer de larmes versera ma femme — sur la mort de mon fils !

le roi henry.

— Quels incessants ressentiments le pays — concevra contre son roi après toutes ces catastrophes !

le fils.

— Jamais fils fut-il aussi navré de la mort de son père ?

le père.

— Jamais père pleura-t-il autant son fils ?

le roi henry.

— Jamais roi fut-il aussi affligé du malheur de ses sujets ? — Grande est votre douleur ; la mienne l’est dix fois plus.

le fils.

— Je vais t’emporter d’ici pour pouvoir pleurer à satiété.

Il sort emportant le cadavre de son père (40).
le père.

— Mes bras seront ton linceul ; — mon cœur, cher enfant, sera ton sépulcre ; — car jamais ton image ne sortira de mon cœur ; — mes soupirs seront ton glas funéraire ; — et ton père te regrettera, — te pleurera tout autant, toi, son unique enfant, — que Priam pleura tous ses vaillants fils. — Je vais t’emporter d’ici, et abandonner la lutte à qui voudra. — Car j’ai donné le coup de mort où je ne le devais pas.

Il sort emportant le corps de son fils.


Fanfare d’alarme. Mouvement de troupes. Entrent la reine Marguerite, le prince de Galles et Exeter.
le prince de galles.

— Fuyez, père, fuyez ! car tous vos amis sont en fuite, — et Warwick fait rage comme un taureau exaspéré. — Partons ! car la mort est à notre poursuite.

la reine marguerite.

— À cheval, milord, et courez droit à Berwick : —