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LA PATRIE.

mière prétention du duc d’York à la couronne ; » la seconde, en 1595, sous ce titre : « La vraie tragédie de Richard, duc d’York, et la mort du bon roi Henry sixième, avec toute la lutte entre les deux maisons d’York et de Lancastre. »

En 1600, nouvelle édition. Les deux parties sont réimprimées par le même éditeur, toujours anonymes. Shakespeare persiste dans sa résolution de ne pas signer l’œuvre retouchée par lui. En 1602, le libraire Thomas Millington transfère à son confrère Thomas Pavier le droit de publier le drame. Voici l’extrait du registre du Stotioners Hall qui constate la cession :

19 avril 1602.

Tho. Pavier. Par transfert de Thomas Millington, salvo jure cujuscumq. La première et la deuxième partie de Henry VI, deux volumes.

Vous le voyez, sur le registre officiel, la pièce est toujours anonyme. Shakespeare n’est pas mentionné. Cependant le temps s’écoule : nous sommes en 1619, trois ans après la mort de notre poète. Alors le susdit Thomas Pavier risque une réimpression, il publie les deux parties du drame en un seul volume in-quarto auquel il donne le titre étrange que voici : « Toute la lutte entre les deux fameuses maisons de Lancastre et d’York, avec la fin tragique du bon duc Homphroy, de Richard duc d’York et du roi Henry sixième. Divisé en deux parlies. Nouvellement corrigé et augmenté. Écrit par William Shakespeare, gent. Imprimé à Londres pour T. P.

C’est ainsi que l’impudent libraire exploitait la renommée du poëte sur le tombeau même du poëte. Caché derrière les initiales T. P., Thomas Pavier trahissait frauduleusement l’incognito que Shakespeare avait gardé