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LA PATRIE.

Christophe Marlowe, Édouard III, par un anonyme, la Vie et la mort de Jacques Straw (épisode du règne de Richard II), par un anonyme, les Fameuses victoires de Henry V, par un anonyme, l’histoire du règne de Henry VI (en trois parties), par des anonymes, la Tragédie de Richard III, par un anonyme. On le voit, toutes ces pièces réunies exposaient assez complètement l’ensemble des faits accomplis en Angleterre, du xiiie au xve siècle. Mais, à part l’Édouard II de Marlowe, elles étaient d’une telle faiblesse que leur succès ne pouvait durer. Pour qu’une si grande idée fût exécutée, il fallait un grand homme : Shakespeare apparut. Shakespeare était destiné à construire le monument national vaguement ébauché par ses devanciers.

La troupe du lord chambellan, qui comptait parmi ses membres le nouveau venu de Statford-sur-Avon, le chargea de refaire pour les théâtres de Blackfriars et du Globe la plupart des pièces historiques qui jusque-là avaient occupé la scène anglaise. Le jeune poëte daigna accepter cette mission. Du Roi Jean anonyme, publié en 1591, il fit le Roi Jean que nous connaissons. Il développa les Fameuses victoires de Henry V, représentées en 1588, en trois drames chroniques, la première partie de Henry IV, la deuxième partie de Henry IV, Henry V ; à l’obscur et informe Richard III, publié par Thomas Creede, en 1591, il substitua son illustre Richard III. Il remania légèrement la Pièce historique du roi Henry VI, mentionnée par Nashe dès 1591, et cette pièce devint, dans l’in-folio de 1623, la Première Partie de Henry VI. Enfin il retoucha à deux reprises successives le drame en deux parties qui avait pour sujet principal la Guerre des deux Roses, et ce drame, ainsi transformé, fit, dans l’in-folio de 1623, la Seconde et la Troisième Partie de Henry VI.