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SCÈNE XXII.

clifford.

— Que considères-tu en moi, York ? Pourquoi t’arrêtes-tu ?

york.

— Je serais épris de ta fière attitude, — si tu n’étais pas un ennemi si acharné.

clifford.

— Et l’on ne refuserait pas l’éloge et l’estime à ta prouesse, — si elle n’éclatait honteusement dans la trahison.

york.

— Puisse-t-elle me défendre aujourd’hui contre ton épée, — comme il est vrai qu’elle se manifeste en faveur de la justice et du bon droit !

clifford.

— Je me risque ici corps et âme.

york.

— Formidable va-tout ?… Vite, en garde.

Ils se battent. Clifford tombe (30).
clifford.

La fin couronne les œuvres.

Il meurt.
york.

— Ainsi la guerre t’a donné la paix, car te voilà tranquille. — Paix à son âme, ô ciel, si c’est ta volonté !

Il sort.


Entre le jeune Clifford.
le jeune clifford.

— Honte et confusion ! tout est en déroute ! — La peur produit le désordre, et le désordre blesse — ceux qu’il voudrait protéger. Ô guerre, enfant de l’enfer, — dont les cieux irrités font leur ministre, — jette dans les cœurs glacés de nos partisans — les charbons ardents de la vengeance !… Que pas un soldat ne fuie ! — Celui qui s’est vraiment consacré à la guerre — n’a plus l’amour de soi-même ; celui