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SCÈNE XXI.

trahison. — Je suis ton roi, et toi, tu es un traître au cœur fourbe. — Qu’on appelle dans l’arène mes deux braves ours, — pour qu’avec le seul bruit de leurs chaînes — ils frappent de stupeur ces féroces et lâches limiers. — Dites à Salisbury et à Warwick de venir à moi.


Tambours. Entrent Salisbury et Warwick avec des soldats.
clifford.

— Sont-ce là tes ours ? Nous allons les harceler jusqu’à la mort, — et avec leur chaîne garrotter leur gardien, — si tu oses les amener dans la lice. —

richard.

J’ai souvent vu un dogue ardent et présomptueux — bondir en arrière et mordre celui qui le retenait ; — mais, dès que, lâché, il sentait la patte terrible de l’ours, — il serrait sa queue entre ses jambes, et hurlait. — Vous en ferez tout autant, — si vous entrez en lutte avec lord Warwick.

clifford.

— Arrière, monceau de fureur, hideux et indigeste moignon, — aussi tortueux d’esprit que de forme !

york.

— Ah ! nous allons vous réchauffer de la belle manière.

clifford.

— Prenez garde de vous brûler vous-même à cette chaleur.

le roi henry.

— Eh quoi ! Warwick, ne sais-tu plus ployer ton genou ? — Vieux Salisbury, honte à tes cheveux d’argent, — guide extravagant d’un fils écervelé ! — Veux-tu donc faire le brigand sur ton lit de mort, — et chercher la ruine avec tes besicles ! — Oh ! où est la foi ? où est la loyauté ? — Si elles sont bannies de cette tête chenue, — où trouveront-elles asile sur la terre ? — Veux-tu donc creuser ta fosse pour ex-