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HENRY VI.

noir et gonflé de sang ; — ses prunelles, plus saillantes que quand il vivait, — ont le regard fixe et sinistre d’un homme étranglé ; — ses cheveux sont dressés, ses narines dilatées par la convulsion ; — ses mains toutes tendues comme celles de quelqu’un qui s’est débattu — pour défendre sa vie et qui a été réduit par la force. — Regardez, ses cheveux sont collés aux draps ; — sa barbe si régulière est désordonnée et hérissée — comme le blé d’été couché par la tempête. — Il est impossible qu’il n’ait pas été assassiné ; — le moindre de ces signes en fournirait la preuve (21).

suffolk.

— Et qui donc, Warwick, aurait mis le duc à mort ? — Moi et Beaufort, nous l’avions sous notre protection ; — et monsieur, nous ne sommes pas des assassins, j’espère.

warwick.

— Mais tous deux vous étiez les ennemis du duc Homphroy ; — et vous aviez, en effet, le bon duc sous votre garde. — Il est probable que vous ne désiriez pas le traiter en ami ; — et il est manifeste qu’il a trouvé un ennemi.

la reine marguerite.

— Ainsi apparemment vous soupçonnez ces nobles hommes — d’être coupables de la mort prématurée du duc Homphroy.

warwick.

— Qui donc, trouvant la génisse morte et saignante encore — et voyant à côté un boucher avec une hache, — ne soupçonnera pas le boucher de l’avoir égorgée ? — Qui donc, trouvant la perdrix dans le nid du milan, — pourrait ne pas deviner comment elle est morte, — quand même l’oiseau de proie envolé n’aurait pas de sang au bec ? — La tragédie que voici est aussi suspecte.

la reine marguerite.

Êtes-vous le boucher, Suffolk ? où est votre couteau ? — Beaufort est-il un milan ? où sont ses serres ?