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SCÈNE X.

ment — sous le nom de John Mortimer. — En Irlande, j’ai vu cet indomptable Cade — combattre seul contre une troupe de Kernes, — et lutter si longtemps que ses cuisses étaient — hérissées de dards presque comme un porc-épic ; — et, à la fin, lorsqu’il eut été dégagé, je l’ai vu — cabrioler avec l’agilité furibonde d’un danseur moresque — secouant les dards sanglants, comme l’autre ses grelots. — Bien souvent, sous l’apparence maligne d’un Kerne échevelé, — il a conversé avec les ennemis, — et, sans être découvert, est revenu — me donner avis de leurs trahisons. — Ce démon sera ici mon substitut ; — par les traits, par la tournure, par la voix, il ressemble — à ce John Murtimer qui est maintenant mort. — Par là je verrai les dispositions du peuple, — et quelles sont ses sympathies pour la maison et les titres d’York. — Supposons qu’il soit pris, roué, torturé ; — tous les tourments qu’on pourrait lui infliger, j’en suis sûr, — ne lui feraient pas dire que c’est moi qui l’ai poussé à cette prise d’armes. — Supposons qu’il réussisse, comme c’est fort probable, — alors j’arrive d’Irlande avec mes forces, — et je recueille la moisson que ce gueux a semée. — Car, Homphroy une fois mort, ce qui ne tardera pas, — et Henry mis de côté, à moi la situation !

Il sort.

SCÈNE X.
[Bury. Dans le palais.]
Entrent précipitamment deux Assassins.
premier assassin.

— Cours à milord de Suffolk ; fais-lui savoir — que nous avons expédié le duc, ainsi qu’il l’a commandé (18).

deuxième assassin.

— Oh ! que n’est-ce encore à faire ! Qu’avons-nous fait ! — As-tu jamais entendu un homme aussi pénitent ?