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SCÈNE IX.

lui iniligeais de peine assez sévère. — il est vrai que j’ai torturé le meurtre, ce crime sanglant, — plus que la félonie ou tout autre délit.

suffolk.

— Milord, il est aisé et commode de répondre à ces accusations. — Mais on met à votre charge des crimes plus graves — dont vous ne pourrez aisément vous purger. — Je vous arrête au nom de Son Altesse, — et vous remets céans à la garde de milord cardinal — jusqu’au jour de votre procès.

le roi henry.

— Milord de Glocester, c’est mon spécial espoir — que vous vous laverez de tout soupçon. — Ma conscience me dit que vous êtes innocent.

glocester.

— Ah ! mon gracieux lord, ces temps sont dangereux ! — La vertu est étouffée par la noire ambition, — et la charité chassée d’ici par la main de la haine. — Une odieuse corruption prédomine, — et l’équité est exilée de la terre de Votre Altesse. — Je sais que leur complot a pour but d’avoir ma vie ; — et, si ma mort pouvait rendre ce pays heureux, — et mettre un terme à leur tyrannie, — je la subirais bien volontiers. — Mais ma mort n’est que le prologue de leur pièce ; — et mille autres, qui ne soupçonnent pas encore le péril, — ne concluront pas la tragédie qu’ils méditent. — L’œil rouge et étincelant de Beaufort décèle la malveillance de son cœur, — comme le front nébuleux de Suffolk, sa haine tempêteuse. — L’ironique Buckingham se soulage par la parole — du fardeau d’envie qui pèse à son cœur ; — et le hargneux York, qui voudrait atteindre à la lune, — et dont j’ai rabattu le bras outrecuidant, — dirige contre ma vie de fausses accusations. — Et vous, comme les autres, ma souveraine dame, — vous avez sans motif accumulé les disgrâces sur ma tête ; — et vous avez fait tous