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HENRY VI.

— Mes yeux sont pleins de larmes, et mon cœur de douleur. — Ah ! Homphroy, cet opprobre de ta vieillesse — va, sous le poids de la douleur, incliner ta tête jusqu’à la terre. — J’implore de Votre Majesté la permission de partir. — Ma douleur voudrait un soulagement, et ma vieillesse du repos.

le roi henry.

— Arrête, Homphroy, duc de Glocester ; avant de t’en aller, — remets-moi ton bâton : Henry veut être — son protecteur à lui-même ; et Dieu sera mon espoir, — mon appui, mon guide, un fanal pour mes pas. — Va donc en paix, Homphroy, non moins aimé — que quand tu étais le protecteur du roi.

la reine marguerite.

— Je ne vois pas pourquoi un roi en âge de régner — serait protégé comme un enfant. — Que Dieu et le roi Henry tiennent le gouvernail de l’Angleterre. — Rendez votre bâton, monsieur, et son royaume au roi.

glocester.

— Mon bâton ? noble Henry, le voici ; — je le résigne aussi volontiers — que me le confia ton père Henry ; — et je le dépose à tes pieds aussi volontiers — que le recevraient d’autres, plus ambitieux. — Adieu, bon roi. Quand je ne serai plus, — puissent l’honneur et la paix garder ton trône !

Il sort.
la reine marguerite.

— Enfin Henry est roi et Marguerite est reine ! — Et Homphroy, duc de Glocester, n’est plus lui-même, — si rudement il a été mutilé ! Deux coups à la fois ; — sa femme bannie, c’est-à-dire son bras droit coupé ; — puis ce bâton d’honneur arraché… Qu’il reste désormais — où il doit être, dans la main de Henry !