Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/357

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cueillir par compagnies ; et doutant qu’ils ne voulsissent faire nouvelle bataille fit crier à haute voix, au son de la trompette, que chacun Anglais, sur peine de la hart, occît ses prisonniers, afin qu’ils ne fussent en aide au besoin à leurs gens. Et adonc soudainement fut fait moult grand’occision des dits Français prisonniers. Pour laquelle entreprise les dessus dits Robinet de Bournonville et Ysambert d’Azincourt furent depuis punis et détenus prisonniers longue espace par le commandement du duc Jean de Bourgogne, combien qu’ils eussent donné à Philippe, comte de Charolais, son fils, une moult et précieuse épée, ornée de riches pierres et autres joyaux, laquelle était au roi d’Angleterre, et avait été trouvée et prise avecque ses autres bagues par iceux, afin que s’ils avaient aucune occupation pour le cas dessus dit, icelui comte les eût pour recommandés. En outre, le comte de Marle, le comte de Fauquembergue, les seigneurs de Lauroy et de Chin, atout six cents hommes d’armes qu’ils avaient à grand’peine retenus, allèrent frapper très-vaillamment dedans les dits Anglais, mais ce rien n’y valut ; car tantôt furent tous morts ou pris. Et en la conclusion, le dit roi d’Angleterre obtint la victoire contre ses adversaires ; et furent morts sur la place, de ses Anglais, environ seize cents hommes de tous états, entre lesquels y mourut le duc d’York, oncle du dessus dit roi d’Angleterre. Et pour vrai, en ce propre jour devant qu’ils s’assemblassent à bataille, et la nuit de devant, furent faits, de la partie des Français, bien cinq cents chevaliers ou plus.

Et après, le dit roi d’Angleterre, quand il fut demeuré victorieux sur le champ, comme dit est, et tous les Français, sinon ceux qui furent pris ou morts, se furent départis, fuyants en plusieurs et divers lieux, il environna avecque aucun de ses princes le champ dessus dit où la