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quérants, — s’il est uni par l’amour à une dame — d’aussi haute résolution que la belle Marguerite. — Cédez donc, milords, et concluez ici avec moi — que Marguerite sera reine, et Marguerite seule.

le roi henry.

— Est-ce par l’effet de votre récit, — mon noble lord de Suffolk, ou bien parce que — ma tendre jeunesse n’a pas encore été atteinte — de la passion brûlante de l’amour, — je ne puis le dire ; mais ce dont je suis sûr, — c’est que je sens dans mon cœur une si violente agitation, — de si vives alarmes d’espérance et de crainte, — que je souffre du travail de ma pensée. — Vite donc, embarquez-vous ; courez en France, milord, — accédez à toute convention, et faites — que madame Marguerite consente — à traverser les mers et à venir en Angleterre pour être couronnée — la reine fidèle et sacrée du roi Henry ! — Pour suffire à vos dépenses et à tous les frais, — levez un dixième sur le peuple. — Partez, vous dis-je ; car, jusqu’à votre retour, — je reste tourmenté de mille inquiétudes.

À Glocester.

— Et vous, bon oncle, bannissez tout mécontentement ; — si vous me jugez sur ce que vous fûtes, — et non sur ce que vous êtes, je sais que vous excuserez — cette exécution brusque de mon désir. — Et sur ce, mettez-moi dans une retraite où, loin de toute compagnie, — je puisse raisonner et ruminer mes peines.

Il sort.
glocester.

— Oui, ses peines ! elles commencent, je le crains, pour durer toujours.

Sortent Glocester et Exeter.
suffolk.

— Ainsi Suffolk a prévalu ! Ainsi il part, — comme