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veraines perfections de cette aimable dame, — si j’avais assez de talent pour les décrire, — rempliraient un volume de lignes enchanteresses, — capables de ravir l’esprit le plus grossier. — Mais il y a plus : toute divine qu’elle est, — toute comblée qu’elle est de grâces exquises, — elle n’a, dans l’humble modestie de son âme, — d’autres vœux que de se mettre à vos ordres, — c’est-à-dire de satisfaire vos vertueux et chastes désirs — en aimant et honorant Henry comme son époux.

le roi henry.

— Et jamais Henry ne réclamera d’elle autre chose. — Ainsi, milord protecteur, consentez — à ce que Marguerite soit reine d’Angleterre.

glocester.

— Je consentirais donc à flatter le mal ? — Vous savez, milord, que Votre Altesse est fiancée — à une autre dame hautement estimée. — Comment vous dégager de ce contrat, — sans entacher d’un reproche votre honneur ?

suffolk.

— Comme un gouvernant se dégage d’un serment illicite, — ou comme un homme qui, dans une joûte, ayant fait vœu — d’essayer sa force, abandonne pourtant la lice — à cause de l’infériorité de son adversaire. — La fille d’un pauvre comte est un parti inférieur, — et conséquemment peut être refusée sans offense.

glocester.

— Eh ! je vous prie, qu’est de plus Marguerite ? — Son père n’est rien de mieux qu’un comte, — quoiqu’il se rehausse de titres pompeux.

suffolk.

— Mais, mon bon lord, son père est roi, — le roi de Naples et de Jérusalem, — et d’une telle autorité en