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par une vaillante protestation contre l’énormité des subsides qu’exige la couronne : Essex l’applaudit et le prend à son service en qualité de secrétaire. Cet inconnu, plus tard trop célèbre, s’appelle Francis Bacon. — À ces actes éloquents Essex ajoutait le commentaire de ses paroles. À la chambre des lords, au conseil privé, à la cour, il ne cessait d’attaquer l’implacable administration des Cecils et de flétrir les rigueurs exercées contre les dissidents. — En même temps qu’il méritait la reconnaissance des puritains, il se conciliait le parti catholique : il accueillait dans sa famille le chevalier papiste sir Christopher Blount, et donnait à cette alliance toute sa signification en faisant espérer à son nouveau beau-père le libre exercice du culte proscrit. Il disait à qui voulait l’entendre « qu’il n’aimait pas que personne fût tourmenté pour sa religion[1]. » Il offrait dans son propre hôtel un asile à tous les persécutés. Hospitalité courageuse qui bientôt devait lui être reprochée comme un crime par ses ennemis triomphants. — Le sergent Yelverton, chargé en 1601 d’instruire le procès du comte, constate que « le lord d’Essex n’admettait que des papistes, récusants et athées pour complices de sa rébellion capitale. » Dans le même procès, le secrétaire d’État sir Robert Cecil lui jette à la tête le même grief : « Grâce à Dieu, nous vous connaissons : votre religion apparaît par ces papistes qui furent toujours vos maîtres conseillers, et auxquels, ainsi qu’à d’autres, vous aviez promis la Liberté de Conscience, to whom and others you had promised the Liberty of Conscience ! »

Ainsi, — le fait est constaté par les témoignages combinés des ennemis mêmes d’Essex, — la liberté de conscience était le dernier mot de son programme politique.

  1. Milord Essex was wont to say that he liked not that any man should be troubled for his religion. » Déposition de sir Christopher Blount au procès de 1601.