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rambures.

— Quoi ! vous voulez qu’ils pleurent le sang de nos chevaux ? — Comment distinguerons-nous alors leurs larmes naturelles ?


Entre un Messager.


le messager.

— Pairs de France, les Anglais sont en bataille.

le connétable.

— À cheval, vaillants princes ! vite à cheval ! — Regardez seulement cette pauvre bande d’affamés, — et votre martiale apparition va dévorer leurs âmes, — ne leur laissant que l’enveloppe et la cosse humaine. — Il n’y a pas assez d’ouvrage pour tous nos bras ; — à peine y a-t-il dans leurs veines maladives assez de sang — pour faire tache à chacun des coutelas nus — que nos vaillants Français vont tirer aujourd’hui — pour les rengainer faute de besogne. Soufflons seulement sur eux, — et la vapeur de notre vaillance va les renverser. — Il est positif et incontestable, milords, — que le superflu de notre valetaille, ce tas de manants, — qui pullulent dans une inutile motion — autour de nos carrés de bataille, suffiraient — à purger cette plaine d’un si misérable ennemi, — tandis que nous, spectateurs oisifs, nous resterions — posés à la base de cette montagne. — Mais notre honneur s’oppose à cela. Que vous dirai-je ? — Nous n’avons que bien peu de chose à faire, — et tout est fait. Que les trompettes sonnent — la fanfare de chasse comme boute-selle ! — Car notre approche va jeter une telle alarme dans la plaine — que les Anglais vont ramper de peur et se rendre.


Entre Grandpré.


grandpré.

— Pourquoi tardez-vous si longtemps, messeigneurs de France ? — Ces charognes insulaires, désespérément in-