Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 12.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
gower.

Comment l’appelez-vous ?

fluellen.

On l’appelle l’enseigne Pistolet.

gower.

Je ne le connais pas.


Entre Pistolet.


fluellen.

Voici l’homme.

pistolet.

— Capitaine, je te supplie de me faire une faveur : — le duc d’Exeter t’aime fort. —

fluellen.

Oui, Tieu soit loué ! j’ai mérité quelque peu son amitié.

pistolet.

— Bardolphe, un soldat énergique et ferme de cœur, — d’une brillante valeur, a, par une cruelle fatalité, — et par un tour de roue furieux de la capricieuse Fortune — cette aveugle déesse — qui se tient debout sur une pierre sans cesse roulante…

FLUELLEN, l’interrompant.

Pardon, enseigne Pistolet. La Fortune est représentée avec un pandeau sur les yeux pour signifier que la Fortune est afeugle. Et elle est représentée aussi sur une roue pour signifier, c’est la morale de la chose, qu’elle est changeante et inconstante, et qu’elle n’est que variations et que mutabilités ; et son pied, voyez-vous, est fixé sur une pierre sphérique qui roule, et roule, et roule ! En vérité, le poëte fait une très-excellente description de la Fortune : la Fortune est une excellente moralité.

pistolet.

— La Fortune est hostile à Bardolphe et le regarde de travers. — Car il a volé un ciboire et doit être pendu (24). — Maudite mort ! — Que la potence happe les chiens, soit ;