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CORIOLAN ET LE ROI LEAR.

cordelia.

— Se peut-il qu’il y ait un surcroît à leurs crimes ! — De quoi ne sont pas capables les enfants qui outragent leur père !

albany.

— Depuis lors, mes injures, Lear, se sont jointes aux tiennes, — et j’ai exigé pour toutes le même redressement.

kent.

— Que dit milord ?

cordélia.

Parlez ! il m’a semblé entendre — la voix charmante d’un dieu descendu sur la terre.

albany.

— J’ai débandé les troupes levées par Edmond. — Celles qui restent sont sous mes ordres. — Toutes les consolations qui peuvent soutenir votre vieillesse — et guérir vos cruelles souffrances, vous seront prodiguées : — car nous rendons à Votre Majesté — son royaume, moins la part que vous-même nous avez accordée — pour notre mariage.

kent.

— Entendez-vous, mon souverain ?

cordelia.

— Ah ! il y a des dieux, et la vertu est leur protégée !

lear.

Est-il possible ? — Que les sphères suspendent leur cours, que le soleil fasse halte, — que les vents s’apaisent, que les mers et les sources s’arrêtent, — que toute la nature se taise pour écouter ce changement ! — Où est mon Kent, mon Caïus ?

kent.

Ici, mon souverain.

lear.

— J’ai des nouvelles qui vont te rendre la jeunesse ! — Hé ! as-tu entendu ? ou les dieux qui m’inspirent — n’ont-ils murmuré cela qu’à mon oreille ?… Le vieux Lear sera donc roi encore !

kent.

— Le prince qui, comme un dieu, tient le pouvoir, l’a dit.

lear.

— Alors, Cordélia sera reine, attention ! — Cordélia sera reine ! Vents ! écoutez mes paroles — et portez-les jusqu’au ciel sur vos ailes rosées. — Cordélia est reine.