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NOTES.

de joie en te voyant, — ses pauvres sens affaiblis ne lui refusent office, — et qu’ainsi notre joie ne se change en tristesse.

perillus, à Leir.

— Eh bien, milord, comment vous sentez-vous ?

leir.

— Il me semble que je n’ai jamais mangé d’aliments si savoureux ; — ils sont aussi agréables que la manne divine — qui tomba du ciel au milieu des Israélites ; — ils m’ont restitué toute mon énergie — et m’ont rendu aussi alerte que jamais. — Mais comment remercierai-je leur bonté ?

perillus.

— En vérité, je ne sais comment les récompenser suffisamment, — mais le meilleur moyen que je puisse imaginer est celui-ci : — je vais leur offrir mon pourpoint pour rétribution ; — car nous n’avons pas autre chose à donner.

leir.

— Non, arrête, Perillus, C’est le mien qu’ils auront.

perillus.

— Pardon, milord. Je jure que c’est le mien qu’ils auront.

Perillus offre son pourpoint au roi et à la reine qui le refusent.
leir.

— Ah ! qui croirait qu’une telle générosité se trouve — parmi des gens ignorants et étrangers au monde, — et qu’une telle haine fermente dans le sein — de ceux qui ont tant de raisons pour être excellents ?

cordella.

— Oh ! bon vieux père, dis-moi ton chagrin. — J’y compatirai, si je ne puis y remédier.

leir.

— Ah ! chère enfant, chère fille ! je puis t’appeler ainsi, — car tu ressembles à une fille que j’avais.

cordella.

— Est-ce que vous ne l’avez plus ? Quoi ! est-elle morte ?

leir.

— Non, à Dieu ne plaise ! mais je me la suis aliénée — par ma conduite dénaturée. — Ainsi j’ai perdu le titre de père, — et on peut presque dire que je lui suis étranger.

cordella.

— Votre titre subsiste toujours : car c’est chose reconnue de tout