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NOTES.

(5) « La première guerre où il se trouva, étant encore fort jeune, fut quand Tarquin, surnommé le Superbe, qui avait été roi de Rome et depuis en avait été chassé pour son arrogance, après avoir essayé d’y rentrer par plusieurs batailles, où il avait toujours été défait, finalement fît tout son dernier effort, étant secouru des Latins et de plusieurs autres peuples de l’Italie, qui, avec une grosse et puissante armée, avaient entrepris de le remettre en son état, non tant pour lui faire plaisir comme pour diminuer et ravaler les forces des Romains, lesquels ils craignaient et portaient envie à leur accroissement. En cette bataille donc, laquelle eut plusieurs ébranlements en l’une et en l’autre partie, Martius, combattant vaillamment à la vue du dictateur même, vit un Romain qui fut porté par terre assez près de lui ; il ne l’abandonna pas, mais se jeta au-devant pour le couvrir, et occit de sa main l’ennemi qui lui courait sus ; à l’occasion de quoi, après que la bataille fut gagnée, le dictateur ne mit pas un si bel acte en oubli, mais le couronna le premier d’un chapeau de branches de chêne, pour ce que c’est la coutume des Romains que celui qui sauve la vie à un sien citoyen, est honoré d’une telle couronne. »

(6) « Or, y avait-il au pays des Volsques, contre lesquels les Romains avaient la guerre pour lors, une ville capitale et de principale autorité qui s’appelait Corioles, devant laquelle le consul Cominius alla mettre le siége. Par quoi, tous les autres Volsques, craignant qu’elle ne vînt à être prise d’assaut, s’assemblèrent de tous côtés pour l’aller secourir en intention de donner la bataille aux Romains devant la ville même, afin de les assaillir par deux endroits. Ce qu’entendant, le consul Cominius divisa pareillement son armée en deux, et avec une partie s’en alla en personne au-devant de ceux qui venaient de dehors, et laissa en son camp l’autre partie pour faire tête à ceux qui voudraient sortir de la ville, sous la charge de Titus Lartius, l’un des plus vaillants hommes qui fussent pour lors entre les Romains. Par quoi, les Coriolans, faisant peu de compte de ceux qui étaient demeurés