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SCÈNE IX.

tié, — m’a jeté de sombres regards, et m’a frappé — au fond du cœur de sa langue de serpent. — Que toutes les vengeances accumulées du ciel tombent — sur sa tête ingrate ! Frappez ses jeunes os — de paralysie, souffles néfastes !

cornouailles.

Fi ! Sire ! fi !

lear.

— Vous, éclairs agiles, dardez vos aveuglantes flammes — dans ses yeux dédaigneux ! Empoisonnez sa beauté, — vapeurs aspirées des marais par le puissant soleil, — et flétrissez sa vanité.

régane.

Ô dieux propices ! — vous ferez les mêmes vœux pour moi, dans un accès de colère.

lear.

— Non, Régane ; jamais tu n’auras ma malédiction. — Ta nature palpitante de tendresse ne t’abandonnera pas — à la dureté. Son regard est féroce ; mais le tien — ranime et ne brûle pas. Ce n’est pas toi — qui voudrais lésiner sur mes plaisirs, mutiler ma suite, — me lancer de brusques paroles, réduire mon train, — et, pour conclusion, opposer les verrous — à mon entrée. Tu connais trop bien — les devoirs de la nature, les obligations de l’enfance, — les règles de la courtoisie, les exigences de la gratitude ; — tu n’as pas oublié cette moitié de royaume — dont je t’ai dotée.

régane.

Bon sire, venez au fait.

Bruit de trompettes.
lear.

— Qui donc a mis mon homme aux ceps ?

cornouailles.

Quelle est cette fanfare ?