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LE ROI LEAR.

lante du duc, — combien il est inébranlable et déterminé — dans sa résolution.

lear.

— Vengeance ! peste ! mort ! confusion ! — Il s’agit bien de bouillante nature ! Eh ! Glocester, Glocester, — je veux parler au duc de Cornouailles et à sa femme.

glocester.

— Mais, mon bon seigneur, je viens de les en informer.

lear.

— Les en informer… Çà, me comprends-tu, l’homme (45) ?

glocester.

Oui, mon bon seigneur.

lear.

— Le roi veut parler à Cornouailles ; le père chéri — veut parler à sa fille et réclame ses services : — sont-ils informés de cela ?… Souffle et sang !… — Bouillant ! le duc bouillant !… Dis à ce duc ardent que… — mais non, pas encore !… Il se peut qu’il ne soit pas bien : — la maladie a toujours négligé les devoirs — auxquels s’astreint la santé. Nous ne sommes plus nous-mêmes, — quand la nature accablée force l’esprit — à souffrir avec le corps. Je prendrai patience. — J’en veux à mon impétueuse opiniâtreté — de prendre la boutade morbide d’un malade — pour la décision d’une saine volonté… Mort de ma vie !

Regardant Kent.

Pourquoi — est-il assis là ? Cet acte me prouve — que la réclusion du duc et de ma fille — n’est qu’un artifice.

Haussant la voix.

Qu’on me rende mon serviteur.

À Glocester.

— Allez dire au duc et à sa femme que je veux leur parler. — Vite, sur-le-champ ! Dites-leur de venir m’enten-