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SCÈNE IX.

kent.

Pourquoi, fou ?

le fou.

Nous t’enverrons à l’école chez la fourmi, pour t’apprendre qu’il y a chômage en hiver. Tous ceux qui suivent leur nez sont dirigés par leurs yeux, excepté les aveugles ; et entre vingt aveugles il n’est pas un nez qui ne flaire l’homme qui pue… Lâche la grande roue, si elle roule en bas de la côte : tu te romprais le cou en la suivant ; mais si elle remonte la côte, fais-toi remorquer par elle. Quand un sage te donnera un meilleur conseil, rends-moi le mien. Je veux qu’il n’y ait que des coquins à le suivre, puisque c’est un fou qui le donne.

Celui qui sert par intérêt, messire,
Et n’est attaché que pour la forme,
Pliera bagage dès qu’il pleuvra,
Et te laisseras dans l’orage.

Mais, moi, je demeurerai : le fou veut rester
Et laisser le sage s’enfuir.
Coquin devient le fou qui s’esquive ;
Et fou, pardi ! n’est pas le coquin.

kent.

— Où avez-vous appris ça, fou ?

le fou.

Pas dans les ceps, fou !


Rentre Lear, accompagné de Glocester.
lear.

— Refuser de me parler ! Ils sont malades ! Ils sont fatigués ! — Ils ont fait une longue route cette nuit ! Purs prétextes, — faux-fuyants de la révolte et de la désertion ! — Rapportez-moi une meilleure réponse.

glocester.

Mon cher seigneur, — vous connaissez la nature bouil-